Les jeux vidéo et moi, ça se résume très simplement :
- Les Sim’s
- Alexandra Lederman
- Worms Armagedon
J’ai toujours eu une sainte horreur des mecs accros à leurs jeux vidéo. Quand j’étais encore chez Papounet et Mamounette, mon grand frère passait ses journées entières sur l’ordinateur. A l’époque (ça y est, j’utilise des expressions de vieux), on n’en avait qu’un seul pour toute la maison. La place était très chère. Surtout quand un ado prépubère squatte du matin très tôt au soir très tard. Oui, il y passait vraiment TOUTE sa journée : de 7 heures du matin à 2 heures (2 heures du matin, le lendemain). Pendant tout le week-end et pendant toutes les vacances, c’était sa nouvelle chambre. Il ne sortait jamais. Il ne se lavait pas, limite ne mangeait pas, ou alors très rapidement (manger, pas se laver).
Heureusement, nous sommes humains : le corps a des besoins qu’on est obligé de satisfaire. J’étais aux aguets, surveillant et attendant la pause pipi qui s’impose. Dès qu’il sortait, je courrais pour lui piquer sa place. Je m’installais en ricanant, fière de l’avoir détrôné aussi fourbement. « Haha, espèce de gros naze. » Au bout de 1 minute 30, je sentais sa présence derrière moi. Je faisais comme si j’avais rien remarqué et que j’étais toute seule. « T’es dégoûté hein ? Va te laver, tu pues » (bon, je le disais pas, mais je le pensais très fort). La loi du plus fort… Il m’a éjectée en 8 secondes. Comme ça *claquement de doigts*, avec une facilité déconcertante. J’avais beau essayer de m’accrocher à tout ce qui passait sur mon chemin, c’était peine perdue. Game Over.
Depuis, cette image hante mon esprit. Un Gamer est identifié à ça : un mec qui pue (j’ai été traumatisée).
Heureusement, il y a eu l’arrivée de la Game Cube. Frérot a ENFIN lâché son ordinateur. Ma sœur et moi, nous nous sommes empressées de le remplacer.
A mon tour, j’y ai passé des heures. Je jouais à Alexandra Lederman. J’adorais parce que j’avais l’impression de toucher un peu mon rêve d’ado du doigt : avoir un cheval (pas très original, je sais). Je m’occupais de mon cheval, je partais me promener, je lui donnais des pommes ou des carottes à manger, je m’entrainais aux concours… Tiens, les concours. Parlons-en. J’étais tellement à fond dedans que le moindre évènement susceptible de me déconcentrer suscitait chez moi une espèce de rage folle. Hystérique la fille. Si quelqu’un entrait dans ma chambre je perdais tout contrôle parce que ce quelqu’un m’avait déconcentrée et m’avait fait faire tomber une barre sur mon parcours de saut d’obstacles.
– Sofhyyy ! T’aurais une paire de chaussettes à me prêter ?
– DEGAGE !
C’est grave. C’est ce qui me caractérise en ce qui concerne les jeux vidéo : agressive au moindre dérangement et mauvaise perdante. Tout pour plaire. Heureusement, j’en ai pris conscience. Une méthode radicale s’est imposée : fini. Terminé. A la limite, un jeu de cartes. Mais c’est tout. Et encore…
Quand Mr Patate a voulu qu’on joue à des jeux, j’ai eu peur. J’ai eu peur qu’il se transforme en Geek qui pue. J’ai eu peur pour le monstre addict mauvais perdant qui sommeille en moi. Je ne sais pas si j’ai envie qu’il se réveille. Je ne sais pas si Mr Patate serait prêt à le rencontrer.
Comme je suis faible, je l’ai laissé faire. Il a fait ça bien : l’artillerie lourde est sortie. Ordinateur spécial Gaming connecté à la télé, manettes sans fil en service (batterie pleine), et, cerise sur le gâteau : un volant avec pédale d’accélération et freinage. Waoh…
– Hahaha… T’es un ptit rigolo toi ! Je vais pas faire une course de voitures, c’est bon… Tu m’as bien vue ?
– Mais siiii tu vas voir ! C’est trop bien !
Les courses de voiture, moi, c’est pas mon truc. Je pourrais aimer ça, mais rappelons : je suis mauvaise perdante (très). Et comme je me prends toutes les barrières sur le côté de la piste, ça m’énerve et je balance la manette contre le mur. Très efficace. Et très intelligent.
Mr Patate lance le jeu, et me place devant le volant (presque de force). « Tu vas voir chérie, tu vas kiffer ! » J’en doute… La course démarre, c’est parti.
- 1er tour. Débuts un peu difficiles : je zigzague, rate quelques virages, finis dans les graviers, arrache les panneaux de signalisation, percute mes concurrents à l’arrière (je ne peux pas m’en empêcher : si quelqu’un est devant moi je suis obligée de lui foncer dedans) et tue 1 ou 2 personnages au passage. Agressive j’ai dit.
- 2ème tour. Je commence à comprendre le truc, Mr Patate me coache.
- 3ème tour. Mais dis donc, je suis pas si nulle en fait ! (on sent l’entrainement acharné sur la Game Boy Color)
La course s’arrête. Mr Patate me regarde avec un petit sourire en coin. Il attend que je le dise. « Oui, tu as raison c’est trop bien ! » Esprit de contradiction oblige, je lance à la place un « mouais… Remet pour être sûre ». Il est content, il frétille, il relance sa course. Pour me motiver, il me murmure un doux « Tu t’en sors très bien ». Mignon petit…
Et ben finalement, oui, il avait raison. Je m’y crois, le graphisme est impressionnant, piloter devient ultra réaliste. En plus sur grand écran, on est en totale immersion. J’adore.
Du coup, maintenant, il nous arrive de faire quelques courses ensemble. Je suis à fond dedans, mais reste ultra zen (appelez-moi Bouddha). Je ne me connaissais pas cette faculté. J’ai même l’impression que le monstre addict s’est fait la malle.
L’autre jour, on a fait une course de moto. Mr Patate est à fond (pas à fond la vitesse hein, il est juste très impliqué). On dirait un concessionnaire automobile (avec la voix qui va bien et tout).
« Oui alors celle-là, c’est une bicylindrée, elle est super agréable à conduire, fluide, équilibrée. Elle va te plaire c’est sûr. Attention ça pousse hein *huhuhu – clin d’œil*. Ah non celle-là je te la conseille pas du tout, elle est lourde, elle se traine, tu vas t’ennuyer. Moi, perso, je te préfère avec la première elle te va bien, là, tu vas t’amuser c’est sûr, et puis elle te va bien. Et puis je vais te la régler spécialement pour la course, tu vas voir ».
Mais oui mais oui…
« Je nous achète un petit 600 CBR chérie, tu m’en diras des nouvelles ! »
Il se transforme même en mécano : il modifie les pots d’échappement, la boîte de vitesse, les pneus… Tout y passe. Il jubile, on dirait un enfant à Noël. Au passage, il en profite pour me partager tout son savoir. Je ne savais pas que j’apprendrais autant sur la moto qu’en jouant à un jeu…
Il lance la première course. Encore une fois, je suis bluffée par le côté réaliste. On est carrément dans la simulation, ça va beaucoup plus loin que le simple jeu de course.
Les autres concurrents sont très, trèèèèèèèèès loin devant nous. On ne fait que tomber. On essaye de les suivre quand même, on est en top concentration, je suis même l’inclinaison de la moto dans les virages avec ma tête. C’était bien tenté mais ça ne marche pas : nous sommes trop nuls pour le moment. Du coup, on les laisse devant, et nous faisons une contre course, juste nous 2. Quand je dis qu’on est fusionnel, ça va loin… Dès qu’il y en a un qui tombe, l’autre s’arrête pour l’attendre. C’est même plus profond encore : si on en a la possibilité, on se scratchera tous les 2 au même endroit. On franchit même la ligne d’arrivée ensemble. En plus, quand la course est finie, une caméra nous filme. On est tous les 2, seuls sur la piste, avec des motos ultra stylées… « Regarde chéri comme on est beaux ! »
C’est beau l’amour virtuel.
Il faut un bon moment avant d’arriver à maîtriser sa moto. La moindre petite modification des paramètres change complètement la conduite. Il faut se réhabituer sans arrêt. Petit à petit, on arrive tous les 2 à faire un parcours sans tomber. La classe. Bon, il y a toujours 1 ou 2 passages où on est sûr de se planter. Cette saleté de virage à droite est vraiment trop technique. Mais globalement, on s’en sort plutôt bien. Prochaine étape : arriver à suivre les autres concurrents. Je suis en concentration extrême, et me laisse prendre par le jeu. Je m’énerve sur les autres participants qui me poussent délibérément pour essayer de me faire tomber. « Putin mais t’as vu ?! Ce connard m’a poussée et il se prend même pas de pénalité ! Abruti ! Retourne chez ta mère va ! ».
Finalement, il semblerait que le monstre addict n’ai pas totalement plié bagage. J’essaye de le garder dans sa tanière, mais de temps en temps, il n’en fait qu’à sa tête et se manifeste légèrement… Je m’auto entends dire à Petit Piou « Hey on se détend hein, c’est un jeu ! ». Hum hum… C’est bon elle n’a rien vu.
A force d’entrainements, nous faisons maintenant des courses de malades. Mr Patate hurle de joie quand il se retrouve sur le podium. De mon côté, j’ai pulvérisé tous les records : j’ai gagné la course. Je suis sur la première marche du podium. Et bam ! Prends-en de la graine mon petit ! Elle était facile aussi… J’ai même gagné une moto pour notre garage. La classe ultime.
Si un jour on m’avait dit que je ferai un billet sur un jeu de moto… C’est fou la vie.
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trop chouette , ton article . 🙂
Merci beaucoup Julie ! 🙂